Le célèbre ready-made de Marcel Duchamp
Marcel Duchamp réalise l’œuvre nommée Fontaine en 1917. Il s’agit d’un simple urinoir retourner où est inscrite la signature R. Mutt. Cette sculpture surprenante fait entrer l’artiste dans une nouvelle forme d’art. En effet, il détourne un objet fonctionnel pour le transformer en une œuvre artistique. C’est le ready-made. Mais comment l’artiste en est-il venu à cette nouvelle esthétique ?
En 1912, il peint l’œuvre Nu descendant un escalier. La toile choque les artistes cubistes qui la rejettent. Pour eux, le cubisme se compose de formes géométriques figées. Marcel Duchamp casse les codes du courant artistique par la présence de dynamisme créée par le mouvement de la figure féminine. Le peintre, face à cette incompréhension de la part des artistes de l’avant garde, renonce à la peinture en 1912.
Il y a eu un incident en 1912 qui m'a un peu tourné les sangs, si je puis dire, c'est quand j'ai apporté le Nu descendant un escalier aux Indépendants et qu'on m'a demandé de le retirer avant le vernissage. Dans le groupe des gens les plus avancés de l'époque, certains avaient des scrupules extraordinaires, ils montraient une sorte de crainte. Des gens comme Gleizes, qui étaient pourtant extrêmement intelligents, ont trouvé que ce nu n'était pas tout à fait dans la ligne qu'ils avaient tracée. Il y avait deux ou trois ans que le cubisme durait et ils avaient une ligne de conduite absolument nette, droite, prévoyant tout ce qui devait arriver. J'ai trouvé cela insensé de naïveté. Alors cela m'a tellement refroidi que par réaction contre un tel comportement, venant d'artistes que je croyais libre, j'ai pris un métier. Je suis devenu bibliothécaire à Sainte Geneviève. J'ai fait ce geste pour me débarrasser d'un certain milieu, d'une certaine attitude, pour avoir une conscience tranquille mais aussi pour gagner ma vie. J'avais vingt-cinq ans, on m'avait dit qu'il fallait gagner sa vie et je le croyais. Puis, la guerre est venue qui a tout bouleversé et je suis parti aux Etats-Unis.
M. Duchamp, P. Cabanne, 2014, Entretiens avec Pierre Cabanne, Allia, p.22
En 1914, l’artiste fait son grand retour en développant que tout et n’importe quoi peut devenir de l’art à travers les ready-made.
Ça veut dire "tout fait". Comme les vêtements de confection. Je suis arrivé à une conclusion, il y a assez longtemps. Il y a toujours quelque chose de "tout fait" dans un tableau : vous ne faites pas les brosses, vous ne faites pas les couleurs, vous ne faites pas la toile. Alors, en allant plus loin, en enlevant tout, même la main, n'est-ce pas, on arrive au ready-made. Il n'y a plus rien qui soit fait : tout est "tout fait". Ce que je fais, c'est que je signe, simplement, pour que ce soit moi qui les aie faits. Simplement, j'arrête là, c'est tout. c'est fini. Ça semble un peu drôle, mais c' est une conséquence naturelle, en allant au bout du raisonnement.
M. Duchamp, 1999, Marcel Duchamp parle des ready-made à Philippe Collin, L' Echoppe
Face à une remise en cause du monde artistique, Marcel Duchamp devient précurseur et bouleverse ainsi l’évolution des courants esthétiques du XXe siècle.
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