Pourquoi un tel engouement autour de ce moment ?

L’Italie est en train d'entrer dans la période dite moderne, marquée par une redécouverte de l’Antiquité. Ainsi, deux phénomènes se développent : l'Humanisme, une nouvelle façon de penser et de considérer l’homme, et la Renaissance, un nouveau courant artistique.

L'Humanisme est un « mouvement intellectuel et culturel caractéristique de la Renaissance, qui a ouvert la voie à une transformation de la vision du monde, à un renouvellement des modes et des types de connaissance, à un élargissement des sources d’inspiration littéraire et artistique, à une refonte de la pédagogie, à une critique libératrice des traditions et des institutions, une image nouvelle de l’homme.

Jean-Claude Margolin

La Renaissance est ainsi le nom d’une période historique couvrant le XIVe au XVIe siècle, durant laquelle la civilisation occidentale réalise d’importants progrès dans les domaines techniques et culturels. Giorgio Vasari, peintre et théoricien de l’art florentin, est le premier à employer le terme de Renaissance pour désigner le renouveau pictural que connaît l’Italie à partir du XIVe siècle.

L'Italie souhaite en finir avec l’esthétique médiévale et se tourne vers une nouvelle source d’inspiration : l’Antiquité. La renaissance des arts passe par la redécouverte des ruines et sculptures gréco-romaines, caractérisées par des proportions harmonieuses, par la mise en lumière de la beauté naturelle du nu et par la représentation de la mythologie romaine.

Cette révolution stylistique se déroule en trois temps importants :

• Le Trecento (XIVe siècle) : la Pré-Renaissance (Cimabue, Giotto, Duccio, Paolo Uccello, etc.)

• Le Quattrocento (XVe siècle) : la Première Renaissance (Masaccio, Brunelleschi, Donatello, etc.).

• Le Cinquecento (XVIe siècle) : la Haute Renaissance (Léonard de Vinci, Raphaël, Michel-Ange).

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Le Trecento reste en continuité avec l’art médiéval, mais des nouveautés émergent dans les œuvres des artistes du XIVe siècle tels que Cimabue et Giotto. Les deux peintres réalisent des scènes inspirées de la Bible avec des éléments innovants. En effet, on observe une tentative de se rapprocher du naturalisme dans les deux œuvres ci-dessous, annonçant les principes de la Renaissance.

Dans la Vierge à l’Enfant en majesté de Cimabue, on note la présence d’une perspective, encore maladroite mais perceptible. De plus, l’artiste retranscrit la forme des corps des personnages à travers un travail complexe des drapés.

Giotto, avec son œuvre le Massacre des Innocents, apporte une innovation supplémentaire. Tout d’abord, il représente une architecture avec une perspective tridimensionnelle et naturaliste. Pour accentuer l’idée de retranscrire le réel, l’artiste humanise les personnages en représentant leurs propres signes distinctifs.

Le Quattrocento est marqué par la création de la perspective par Filippo Brunelleschi en 1425 et par la redécouverte des ordres architecturaux antiques par Léon Battista Alberti. Le rez-de-chaussée abrite l’ordre dorique, le premier étage l’ordre ionique et le deuxième étage l’ordre corinthien. L’architecture se compose de nombreuses influences gréco-latines largement employées, comme les coupoles, les colonnades, le plan basilical ou le plan en croix grecque. En peinture et en sculpture, les artistes se réapproprient la mythologie gréco-romaine et la représentation du nu à l’antique. Des scènes de batailles ainsi que de nombreux portraits de personnages de pouvoir se développent.

La Naissance de Vénus de Botticelli est la première célébration du nu en peinture. L’artiste représente une scène de la mythologie, celle de la déesse de la beauté qui naît de l’écume des vagues. Les traits de la déesse rappellent ceux des statues de Vénus pudique qu’a pu voir Botticelli dans la villa des Médicis. L’artiste donne un double sens à son œuvre qui peut être également perçu comme une allégorie néoplatonicienne.

Face à la réhabilitation des arts libéraux par les humanistes, le statut social des artistes change, ils deviennent des hommes cultivés et ainsi des hommes humanistes. Leurs professions ne sont plus perçues comme un art mécanique (activité physique). La Renaissance valorise les aspects mathématiques et philosophiques de l’art comme le montre cette œuvre de Botticelli.

Le Cinquecento est marqué par des artistes considérés comme des génies. Témoignant l’apogée de la Renaissance italienne, les créations artistiques recherchent l’idée de la perfection dans la représentation du réel. Pour cela, certains artistes se lancent dans des recherches anatomiques poussées.

Le David de Michel-Ange montre l’importance de la représentation des corps. Chaque détail des veines et des muscles est sculpté. La référence au classique est évidente mais reste sublimée par des détails axés sur l’émotion. En effet, l’humanisme, courant de pensée centré sur l’homme, inspire les artistes à rechercher la vérité psychologique des personnages. Ici, le sculpteur met en image un épisode de la Bible où David, un jeune homme, doit affronter un géant, Goliath, pour sauver son peuple. Michel-Ange sculpte un modèle imposant, évoquant la force par son impressionnante musculature, mais surtout grâce à son regard qui suggère la colère et la puissance - la terribilità.

Léonard de Vinci recherche lui aussi cette idée de portrait au plus proche du naturel avec la Joconde. Grâce à l’élaboration de sa technique du sfumato, l’artiste nous plonge dans l’intimité de son modèle. Son regard semble à la fois joyeux et nostalgique.

À partir du XVIe siècle, l'Humanisme et la Renaissance se répandent à travers toute l'Europe et sont interprétés de manière diverse selon les pays. Cette diffusion entraîne une revitalisation des connaissances qui va au-delà des arts et des lettres, impactant les domaines politique, culturel et social.

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